I-02 : Clavecin à trois claviers de Hieronymus Albrecht HASS
Hambourg 1740
Descriptif de l’hotel Drouot (vente du 25 mars 2014)
FF-13 sans FF# (fa-1 à fa-1#), 60 notes 3 claviers et 6 jeux Clavier du haut: 8′ jeu nasal 8′ pieds de biche (commun à ce clavier et à celui du milieu) Clavier du milieu: 8′ pieds de biche 4′ 8′ Clavier du bas: 16′ 2′
Inscriptions: « Hieronymus Albr.Hass Hamb.anno 1740 » sur le long de la fosse à clavier.
Clavier orné d’une exceptionnelle marqueterie d’écaille de tortue, bois précieux et ivoire.
La caisse et le piètement richement décorés sur un fond en trompe-l’oeil imitant l’écaille, et d’un motif de « chinoiseries » doré sur fond noir et rouge.
L?intérieur du couvercle peint de la présentation du clavecin par le facteur à son commanditaire, personnage féminin de haute lignée.
(Restaurations) H: – L: – P: cm
Bibliographie: – The Harpsichord and Clavichord by Raymond Russel, Ed. Faber, reproduit – Donald H. Boalch, Makers of The Harpsichord and Clavichord 1440-1840, Ed. Charles Mould, p. 367 – Claude Mercier-Ythier, Les Clavecins, 2 volumes, reproduit p. 125
Le clavecin présenté ici est une pièce d’exception. Il s’agit certainement de l’instrument le plus important existant au monde dans le domaine de la facture des instruments « à claviers ». Sa particularité est de comporter trois claviers d’origine, dans un état exceptionnel. Une confirmation historique que les jeux de 16′ (1) étaient bien connus des anciens, comme l’affirmait Pleyel sur les chapiteaux de sautereaux d’après les conseils de Wanda Landowska. Ce clavecin compte 60 touches et possède un très rare » étage de cordes » de 2′ sur trois octaves des basses. Il était alors impossible de trouver des cordes assez fines pour le reste, étant donnée la largeur de la fosse. On compte aussi un jeu de 4′ aigu, deux jeux de 8′, une octave plus grave et un 16′, jeu très rare sur une table d’harmonie indépendante. Le nom du facteur, Hieronymus Albrecht Hass figure sur le côté de la fosse. Hieronymus Albrecht Hass (2) était un facteur très réputé dont la famille s’est installée à Hambourg avant 1711. Les musées de Barcelone, Bruxelles ou Oslo comptent plusieurs instruments de sa facture. Il construisit ce clavecin en 1740. L’instrument figure sur une gravure réalisée pour le catalogue appelé « Classe 17 ». Son propriétaire de l’époque, Edouard Costil, l’avait prêté pour l’occasion. On retrouve ensuite sa trace dans la collection de Marcel Salomon, antiquaire spécialiste des instruments anciens. A l’intérieur de clavecin, on peut encore trouver le cachet, daté de 1923, de sa boutique: » Au berceau Royal » située rue Boissy d’Anglas. Il entre ensuite en possession de la famille Jouvenel qui s’en sépare en 1964 pour devenir la propriété du célèbre claveciniste Rafaël Puyana, qui fut comblé de sa qualité. Le décor du couvercle a donné lieu à diverses interprétations. Certains spécialistes ont pensé que l’instrument avait été fait pour Catherine II de Russie. Mais la présence des monuments peints à l’ arrière plan évoque l’architecture espagnole ou portugaise. Messieurs Andréa Restelli, facteur à Milan, et Olivier Fadini, semblent en mesure d’affirmer qu’il est plus plausible qu’il ait été alors la propriété de Maria Barbara de Braganza, fille du roi du Portugal et claveciniste émérite. Elle avait pour professeur à Lisbonne Domenico Scarlatti, lequel la suivit à Madrid lorsqu’elle devint Reine d’Espagne. D’après une gravure du Site Réal de Aranjuez datée de 1775 (Résidence d’été de la Reine), on retrouve les bosquets, le monument polygonal et les fontaines à l’identique du tableau peint sur le couvercle de l’instrument présenté. (1) – La petite apostrophe (?) signifie « pied » et correspond à l’ancienne mesure du Roi, en vigueur avant la révolution française. (2) – Le fils de Hieronymus Albrecht Hass s’appelait Johanna-Adolph